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Séminaire Genre, pauvreté et intervention sociale

Ce séminaire a pour objectif d’engager une réflexion sur les thématiques permettant d’articuler le genre avec la « question SDF » (Damon, 2002), et plus généralement avec la pauvreté et l’exclusion.











Présentation


Séminaire co-organisé par l'IDHES et le laboratoire Printemps 

En replaçant les rapports sociaux de sexe au cœur de l'analyse, nous souhaitons dépasser la catégorisation des personnes sans domicile (migrantes, roms, SDF, sans-papières...) pensée par les politiques publiques pour souligner des similitudes tant dans les modes de prise en charge que dans les trajectoires des différents publics de l’intervention sociale et médico-sociale. La segmentation de ce champ allant de pair avec le morcellement des recherches sur les personnes en situation d’exclusion et de précarité (liée au logement, aux droits, à l’emploi, à la santé, etc.), nous pensons utile de faire dialoguer des travaux universitaires sur ces différents objets.

Le genre a en effet longtemps été ignoré dans les travaux sociologiques sur l’exclusion et la grande pauvreté. Les travaux sur les personnes sans domicile ne font pas exception. Depuis une vingtaine d'années seulement, des recherches consacrées aux femmes sans-domicile émergent dans la littérature francophone. Elles ont été réalisées en deux vagues : les premiers travaux apparaissent dans les années 1990-2000, alors que les dispositifs à l’intention des sans-domicile se diversifient et se déploient depuis les années 1980 (Amistani, 1999, 2001, 2003, 2005 ; Celerier, 2003 ; Laberge, Morin et Roy, 2008 ; Lanzarini, 2003 ; Lecomte et al., 2007 ; Marpsat, 1999 ; Thalineau, 2004 ; Vidal-Naquet, 2003a, 2003b, 2005) et une seconde vague de recherche se développent depuis quelques années (Bauquis, 2019 ; Douillet, 2020 ; Lacoste, 2019 ; Lanzaro, 2018 ; Loison-Leruste et Perrier, 2019 ; Marcillat, 2014 ; Maurin, 2017 ; Mayol, 2012 ; Paillou, 2020), avec des interrogations renouvelées par l’apparition de « nouveaux » visages de l’exclusion : jeunes, personnes âgées, familles, etc. 

Si le sexe a constitué une variable d’analyse permettant de comprendre l’avantage relatif des femmes pour monter les « marches de l’escalier » (Sahlin, 2005) de la prise en charge (Marpsat, 1999), le genre a jusqu’à récemment été peu pris en compte dans les analyses de ce paysage institutionnel, caractérisé par la segmentation, la concurrence et la hiérarchie de son offre (Brousse, 2006 ; Loison-Leruste et Petiau, 2018 ; Sempé, 2018 ; Soulié, 1997). Il constitue également un angle mort dans la pratique de la majorité des acteurs et actrices de l’intervention sociale (Bessin, 2009). Pourtant, le genre structure les trajectoires institutionnelles et les parcours de vie des femmes dans la mesure où il constitue pour elles à la fois un facteur de protection et de vulnérabilité (Loison-Leruste et Perrier, 2019). C’est à travers ce prisme du genre que deux questions transversales, qui renvoient à deux des mécanismes spécifiques et caractéristiques des trajectoires et de l’intervention sociale auprès des femmes sans domicile et précaires, pourront nourrir les échanges :  celle de l’invisibilité et celle des violences de genre.

L’invisibilité des femmes sans domicile est construite à la fois par les acteurs et actrices de l'intervention sociale et par les femmes elles-mêmes. Jugées plus vulnérables, les femmes sans domicile sont la cible prioritaire d’une politique genrée et familialiste, ce qui explique sans doute en partie qu’elles soient un peu moins nombreuses à être sans domicile que les hommes et très rarement sans-abri. Cette différenciation de sexe effectuée par l'intervention sociale invisibilise pourtant les femmes sans domicile. Elles sont moins repérables dans les représentations sociales et leurs caractéristiques sont relativement méconnues. Par ailleurs, les femmes sans abri sont elles-mêmes actrices de stratégies afin de se protéger dans l’espace public. Ces stratégies peuvent les conduire à effacer ou à renforcer les marqueurs de leur genre, ou encore à éviter certains dispositifs d'urgence sociale (Loison-Leruste et Braud, 2022).

La seconde question transversale est celle des violences de genre que les femmes subissent tout au long de leurs trajectoires de vie. A l'intersection de rapports de classe, de race et de sexe, elles ont des conséquences sur les trajectoires et les conditions de vie quotidienne des femmes précaires. Ces violences peuvent aussi se produire et se reproduire à travers les modes de prise en charge des femmes sans domicile : à la fois dans l'organisation de l'hébergement institutionnel, mais aussi dans les modalités pratiques de l'intervention sociale au sein des dispositifs existants. 
 

Programme

  • Jeudi 20 octobre 2022 
Marine Quennehen (Cresppa – Ined - Printemps)
Représentations de la paternité par les professionnel. les en institution : le cas de la prison et des centres d’hébergement et de réinsertion sociale.

Natacha Chetcuti-Osorovitz (CentraleSupélec, IDHES ENS Paris-Saclay)
Penser le continuum des violences de genre au prisme de la carcéralisation.

De 14h à 17h en salle 434
 
  • Jeudi 1er décembre 2022
Clothilde Arnaud (Université Lumière Lyon 2, Centre Max Weber)
Femmes sans-abri en migration : quelle autonomisation au cœur de la dichotomie genrée privé/public ?

Blandine Destremau (CNRS, IRIS)
L’injonction à l’autonomie et la promotion de l’entrepreneuriat (de soi) des femmes. Du texte « au four et au moulin... » à une revisite de terrains aux Suds.

De 14h à 17h au CMH
 
  • Jeudi 12 janvier 2023
Clarisse Madiot (Université Paris Est Sup, UPEC, Laboratoire LIRTES)
Maman en insertion : du projet au parcours vers l’emploi

Noémie Martorano (FISPPA - Università degli studi di Padova et IDHES Nanterre)
De victimes à Asylum Queen : réfugiées Nigériennes et parcours d’intégration par le travail en Italie

De 14h à 17h à l’IDHES
 
  • Jeudi 23 février 2023
Joanne Le Bars (Université Gustave Eiffel, Laboratoire Analyse comparée des pouvoirs)
Des femmes sans-papiers dans la lutte. Mobilisations collectives et formes de résistances quotidiennes

Anne Coppel
Rue St Denis 1990, les femmes de la rue à la conquête de leurs droits.

De 14h à 17h au CMH
 
  • Jeudi 13 avril 2023
Charlène Charles (Université Paris-est Créteil Val de Marne, Laboratoire LIRTES)
Des éducateurs et éducatrices intérimaires dans les foyers de l’enfance : entre dépersonnalisation et personnalisation de l’accompagnement au prisme des rapports sociaux

Aurélien Cadet (EHESS, Iris)
Un éducateur qui [se] cherche : retour réflexif sur une désidentification professionnelle

De 14h à 17h à l’IDHES
 
  • Jeudi 8 juin 2023
Tania Lejbowicz (Ined, Université Paris Nanterre / Cresspa - GTM)
Comprendre les plus fortes déclarations de violences sexuelles des minorités sexuelles féminines : le rôle des socialisations militantes et communautaires

Emma Peltier (LVMT/Univ Gustave Eiffel)
Du bidonville à la ville, les violences de genre rencontrées par les femmes identifiées comme rom

De 14h à 17h au CMH
 

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L'IDHES - Université Paris-Nanterre