Profession scientifique et instruments politiques : l'impact du financement 'sur projet' dans dans des laboratoires de nanociences.

Morgan Jouvenet : Profession scientifique et instruments politiques : l’impact du financement « sur projet » dans des laboratoires de nanosciences

The scientific profession and policy instruments : The impact of project-based financing on nanoscience laboratories

Le financement « sur projet » est devenu, en France, un instrument privilégié par les autorités politiques pour soutenir la recherche publique. Si les raisons de cette évolution sont aujourd’hui bien connues, peu de travaux nous donnent un aperçu de son impact dans les laboratoires, sur les relations qui animent les espaces de travail et sur le sens qui y est donné à l’engagement des chercheurs. S’appuyant sur une enquête menée dans des laboratoires de physique œuvrant dans le domaine des nanosciences et nanotechnologies, cet article montre comment leurs membres composent avec le nouvel arrangement institutionnel. Pour cela, l’analyse articule plusieurs aspects des changements introduits au niveau des pratiques des chercheurs, et dans les repères de la reconnaissance professionnelle. Elle révèle ainsi les effets concrets et symboliques de l’action des pouvoirs publics sur la constitution de la profession scientifique.

Arnaud Saint-Marttin : L’astronomie française à la Belle Époque. Professionnalisation d’une activité scientifique

French astronomy in the Belle Époque. Professionalisation of a scientific activity.

Cet article décrit la façon dont s’est développée l’astronomie française à la Belle Époque (ca. 1880–1914). Il identifie et rend compte des spécificités d’une pratique scientifique qui jusqu’ici échappait à l’histoire des sciences. Nous montrons ainsi comment l’astronomie est rationalisée dans ses modes opératoires rigides et intégrée par un régime d’activité scientifico-bureaucratique. Implanté dans les observatoires placés sous la tutelle de l’État (par exemple, l’Observatoire de Paris), ce régime la définit comme activité professionnelle pratiquée par un groupe de « travailleurs » du ciel. Son analyse permet in fine d’éclairer le processus par lequel interagissent et sont co-construits la composante cognitive de la discipline astronomique, le cadre institutionnel des observatoires et le groupe des astronomes « de profession ».