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"Des professionnel·le·s de la représentation populaire. Les community organizers à Chicago" par Clément Petitjean

Discipline : Sociologie, démographie
Laboratoire : Professions, Institutions, Temporalités - PRINTEMPS

le 21 novembre 2019

Jeudi 21 novembre 2019 à 9h
Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Bâtiment d'Alembert - Salle des thèses
5-7 boulevard d'Alembert
78047 Guyancourt Cedex

Résumé


Alors que le community organizing constitue aujourd’hui l'une des formes d'action collective les plus légitimes aux États-Unis, encourageant la participation de classes populaires urbaines que tout exclut du champ politique, les conditions de possibilité de cette participation improbable restent peu étudiées. À partir d'une enquête ethnographique et sociohistorique menée à Chicago, berceau historique de ce répertoire d’action, cette thèse se penche sur le groupe de professionnel·le·s, les community organizers, qui font exister une participation et une représentation politiques profanes. Pourtant, contrairement aux arguments classiques de la sociologie politique, ces professionnel·le·s refusent de parler au nom du groupe mobilisé, la community, se mettant activement en retrait derrière des porte-parole populaires qu’ils et elles sélectionnent et forment. Que dit l’étude de ce rôle des liens entre institutionnalisation, professionnalisation et politisation/dépolitisation ? Pour saisir les ressorts de cette dissociation originale entre professionnel·le et porte-parole et ses effets sur la division du travail politique, on montre comment ce rôle de « faiseur de représentants » émerge, se consolide et se légitime à partir des années 1970, à la frontière entre, d’une part, la tradition d'intervention sociale héritée des initiatives réformatrices des premières décennies du XXe siècle, et d’autre part les pratiques contestataires héritées des mouvements sociaux des années 1960 et 1970.
La thèse expose ensuite comment ce rôle hybride, où revendication d’expertise professionnelle et travail de mobilisation et de politisation sont indissociables, se manifeste dans des pratiques quotidiennes de mise en représentation populaire. Celles-ci s’inscrivent dans un espace d’intermédiation largement déterminé par des relations d’interdépendance avec d'autres espaces et champs concurrents (champs politique et philanthropique, « espace des mouvements sociaux ») qui échappent aux porte-parole profanes. Enfin, en déplaçant la focale vers les trajectoires des community organizers, de leurs dispositions à l'engagement aux modalités de maintien dans le rôle ou de reconversion dans d’autres espaces professionnels en passant par l'incorporation en acte de ce sens pratique militant pragmatique, on voit néanmoins que devenir community organizer peut confirmer ou enclencher des dynamiques de politisation individuelle.


 

Membres du jury

  • Marie-Hélène BACQUÉ, professeure des universités (Université Paris Ouest-Nanterre), rapportrice
  • Annie COLLOVALD, professeure des universités (Université Paris Ouest-Nanterre)
  • Guillaume MARCHE, professeur des universités (Université Paris-Est Créteil)
  • Sandrine NICOURD, maîtresse de conférences HDR (UVSQ)
  • Sylvie TISSOT, professeure des universités (Université Paris 8), rapportrice
  • Laurent WILLEMEZ, professeur des universités (UVSQ), directeur de thèse