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"Faire de la sociologie historique des sciences et des techniques" par Jérôme Lamy

Discipline : Sociologie Laboratoire Printemps (Professions, institutions, temporalités)

le 24 novembre 2014

lundi 24 novembre 2014 à 14h00
L’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Bâtiment d'Alembert
Salle des thèses
5/7 Boulevard d'Alembert
78280 Guyancourt

  
Résumé

La sociologie historique des sciences et des techniques est, davantage qu’une discipline, une pratique et une mise en œuvre d’un ensemble varié de méthodes historiques et sociologiques croisées. Elle s’impose dans l’ordre de l’expérience continuée de recherche. Cette habilitation à diriger des recherches porte donc la marque de cette épistémologie composite qui associe des modalités d’enquêtes où se croisent dépouillements d’archives, entretiens, observations ethnographiques et analyses des circulations conceptuelles. La sociologie historique, l’histoire sociale et les Science and Technology Studies forment le noyau heuristique à partir duquel peut s’opérer un déploiement une casuistique qui, par sa variété, s’offre en champ d’expérimentation permanent.
Trois grands ensembles de recherches sont présentées qui articulent une pratique et une mise à l’épreuve de la sociologie historique des sciences et des techniques.
La première partie envisage la possibilité de mener une étude sociologique et historique des concepts. La contextualisation des concepts marxistes employés pour les études sociales des sciences et des techniques menées depuis un siècle permet de restituer la variété des cadres socio-épistémiques qui ont donné lieu à des oblitérations par incorporation, des torsions théoriques ou des tentatives exégétiques. Le cas de l’épistémè foucaldienne, analysée dans la longue durée permet de pointer la difficulté d’usage d’une notion frustrante parce qu’inapplicable en pratique et qui ne cesse de faire retour au grès des réarrangements heuristiques.
La deuxième partie se centre sur la notion de discipline, cette formation plus ou moins solidement constituée d’appareils théoriques, d’ensembles instrumentaux, de plans méthodologiques et de modes d’apprentissage, la discipline constitue un point nodal des façons de connaître. L’émergence de la physique spatiale au milieu des années 1960, permet d’analyser, à partir de la théorie écologie d’Andrew Abbott, la façon dont les compétences disciplinaires sont disputées. De même, l’océanographie spatiale, dans les années 1980 et 1990, s’impose dans une rupture technologique qui réordonne les points d’appuis politiques et scientifiques.
La troisième partie de l’HDR développe une proposition théorique sur les modes contemporains de gouvernement des sciences et des techniques. Si la notion d’expertise semble aujourd’hui occuper une place prépondérante dans l’analyse, son efficace heuristique reste encore floue. En miroir, je propose une réflexion sur un régime régulatoire des sciences et des techniques qui, appuyé sur le droit, soumis à une agonistique professionnelle puissante, situé dans une bureaucratie aux formes spécifiques et articulé à un réseau de valeurs, propose une analytique du rapport savoir/pouvoir.


Abstract

Historical sociology of science and technology is more than a discipline ; it is the practice and implementation of a wide range of cross-historical and sociological methods. It is essentially a continued research experiment. This habilitation to conduct research therefore bears the mark of this composite epistemology that combines searches through archives, interviews, ethnographic observations and analyses of conceptual circulation. Historical sociology, social history and Science and Technology Studies form the heuristic core from which we can deploy casuistry which by its variety, offers a permanent field of experimentation.
Three major sets of research are presented that articulate a practice and testing of historical sociology of science and technology.
The first part considers the possibility to conduct a sociological and historical study of concepts. The contextualization of the Marxist concepts used in historical and sociological studies of science and technology in the past century can reproduce the variety of socio-epistemic frameworks that have led to obliterations by incorporating theoretical torsions or exegetical attempts. The case of Foucault's episteme analyzed in the long term can point to the difficulty of using a frustrating notion because inapplicable in practice and continues to return, depending on the heuristic rearrangements.
The second part focuses on the concept of discipline, which is more or less firmly made up of theoretical devices, instrumental apparatus, methodological plans and ways of learning, discipline is a nodal point of the ways of knowing. The emergence of space physics in the mid-1960s, is used to analyze, from Andrew Abbott’s theory of ecology, how disciplinary skills are played. Similarly, space oceanography in the 1980s and 1990s, is essential in a technological breakthrough that reorders the political and scientific support points.
The third part develops a theoretical proposition on contemporary forms of governing science and technology. If the notion of expertise now seems to occupy a prominent place in the analysis, its efficient heuristic remains unclear. I propose a reflection on a regulatory regime of science and techniques, based on law, submitted to a powerful professional agonistic, located in a bureaucracy of specific forms and linked to a network of values, provides an analytic of the knowledge / power relationship.


Membres du jury

Pascale LABORIER, Professeure des Universités, à l’Université de Paris Ouest Nanterre La Défense – Rapporteur
Claude ROSENTAL, Directeur de Recherches, au Centre d’Etude des Mouvements Sociaux (CEMS), Paris – Rapporteur
Simon SCHAFFER, Professeur, à l’Université de Cambridge, Royaume-Uni – Rapporteur
Laurent WILLEMEZ, Professeur des Universités, à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines – Examinateur et tuteur
Jean-Louis FABIANI, Directeur d’Etudes, à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris – Examinateur
Frédéric LEBARON, Professeur des Universités, à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines - Examinateur